samedi 24 septembre 2011

Pure composition (Je me suis amusée à faire comme si...)

Je suis libertine et je collectionne les amants. Amoral ?  Non, prodigieusement gai !  Chacun nourrit une facette de mon être et je puis laisser parler toutes les femmes qui sont en moi.
J'aime la tendresse de l'un, la passion de l'autre, le prodigieux cerveau du troisième, la chair dodue et ferme du quatrième, la jeunesse du cinquième...  Mais franchement, quel est ce « vieux beau » qui veut me conquérir ?  « Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! »  Ah non, alors !  Tiens, celui-là, comme il parle bien !  Et celui-là, comme il a un beau sourire...  Ah !  Mais je vois là une jolie barbe...  Mais si je prenais les dents aiguisées de ce jeune loup ?  Mon Dieu !  J'ai la tête qui me tourne !  Que d'hommages...  Que de mots galants !  Ah, comme cela fait du bien à mon ego !  Mais... j'ai le secret espoir que l'état amoureux de mon âme-sœur vire au rose !  Pas rose bonbon...  Rose tendre, délicat, fragile, plein de sensibilité  et d'attention...  Hélas !  La jalousie de son épouse est féroce et les jeux amoureux sont peu mon fait.  Avancer, reculer, plonger pour mieux surprendre...  Ah !  Comme c'est fatigant !  Non : la certitude d'un amour fidèle et un harem d' « eunuques » attentifs et amoureux : voilà le top du top !  Pourrais-je me réserver à un seul homme après tant de variété ?  Le parfum envoûtant de ce dandy élégant me paraît capiteux et le plaisir des premiers pas est grisant !  Mais quelle épreuve que d'attendre en vain la promesse qui ne vient pas !  Mon coeur bondit comme un cabri, a l'élégance d'une gazelle et je vogue, aérienne, parmi tant d'amours.  Celui-ci m'attire plus que les autres : deux fois hélas !, le mensonge lui semble coutumier.  Comment pourrais-je lui faire confiance ?  Ah, comme j'aimerais une aubade, du haut de mon balcon, une aubade différente chaque soir.  Trois fois hélas !  Le temps passe et parmi tant de gracieux papillons je ne sais choisir.  Qui aimer pour ne pas encourir de trahison ?  Mon trouble est évident quand ils me regardent et décidément, non, non, je crois que je préfère être une allumeuse !  C'est moins impliquant et puis, finalement, je n'ai ni la « santé » ni le désir d'encore assumer ma vie de libertine.  Je me sens primesautière, légère, immatérielle !

Extrait de "Radioscopies" - Ghislaine Renard
Editions Chloé des Lys

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